Le premier sapin de Robin

Noël, en principe, c'est la fête des enfants si on considère cet événement sous un angle païen, ce qui est le cas dans ma famille. On est évidemment conscients que la célébration originelle est celle de la venue au monde d'un bébé de bonne famille dans une étable de Bethlehem, mais nous préférons aux bondieuseries la simplicité bon enfant du sapin, des cadeaux, du Père Noël et de tout le tralala. Pour autant, depuis quelques années maintenant, j'ai revu ma position quant au fait que Noël était le moment chéri des enfants et d'eux seuls. Noël, c'est aussi la fête de Coralie.

Je n'irais pas jusqu'à dire que Coralie vit pour Noël, mais je n'en suis pas bien loin. Noël révèle en elle des éléments qui sont invisibles le reste de l'année, comme sa passion pour le chant liturgique, son goût immodéré du rouge et du vert, son intérêt sans limite pour les illuminations et bien d'autres choses encore. A mesure que le froid s'installe dans notre belle région (c'est-à-dire au mois d'août), la tension de Coralie monte de jour en jour et je ne compte plus les remarques ou les références à Noël qui ponctuent chacune de ses phrases ... une publicité pour un jouet, un catalogue pour les repas de fête, un parfum de vin chaud, tout est bon pour que mon épouse entre graduellement dans sa phase Noël. L'une des manifestations les plus visibles de sa passion de Noël est l'importance capitale qu'elle confère au sapin.

Le saint conifère est en effet devenu depuis quelques années le domaine réservé de Coralie. Alors que nous avions alors décidé de décorer le sapin à deux il y a quelques années, Coralie a jugé après que je me sois attelé à ma partie du chantier que je n'étais pas très doué dans ce domaine et comme elle accorde beaucoup plus d'intérêt au décorum entourant Noël que moi, j'ai pris la décision de ne pas me sentir insulté quand elle a retiré tout ce que j'avais fait pour le refaire elle-même, comprendre convenablement. Evidemment, je n'ai plus posé la moindre boule depuis ce jour, ni accroché la moindre guirlande. Coralie a maintenant quelques années pour prendre de la distance avec le côté vital de la position du petit ange sur la branche du sapin afin de ne pas dégoûter Robin de l'exercice quand il aura à coeur d'y participer.

Il faut toutefois laisser à Coralie que si elle porte un regard très sérieux sur la décoration de Noël et qu'elle estime sans doute à juste titre qu'elle seule a le niveau requis pour s'en charger, le résultat est à la hauteur des moyens engagés. Chaque année, elle fait d'un sapin standard une véritable ode à Noël, notamment en esquivant avec adresse toute trace de modernité. Ses sapins sont beaux comme ceux des livres d'autrefois et pour son premier sapin, Robin a eu la chance de voir sous son toit un sapin intemporel, symbole de tous les Noël de jadis et de tout ceux à venir. Mais on touche avec les yeux bonhomme!