Un sacré weekend!

Ce weekend, Robin a été assez "difficile".

Il s'agit là d'un euphémisme pour le ménager et pour tenir compte des circonstances atténuantes de son âge. Si je m'écoutais, je pense que je dirais que Robin a été une parfaite mouche à merde ce weekend, qu'il a été à la limite du supportable et qu'il a accumulé les manifestations d'humeur et les petits gestes agaçants anodins qui une fois cumulés font de sa prestation un monument à la gloire du bébé casse-couilles en qui on a du mal à reconnaître son gentil fiston.

Alors oui, au diable la langue de bois et autre politiquement correct : Robin a été une mouche à merde ce weekend, mais attention, pas la mouche à merde minuscule qui se pose sur le bord de la table, non, le modèle king-size, le molosse foncé qui traverse la pièce avec un bruit de bombardier et qui se cogne dans les fenêtres en faisant trembler ces dernières. Retour sur un weekend pas très reposant.

Pas de matinée des mecs :

Pour commencer en beauté, la traditionnelle matinée des mecs que partagent Robin et son adorable paternel tous les samedi a été annulée en raison de l'humeur de l'un des participants qui s'avère ne pas être moi ... Depuis que Môssieur Robin daigne nous gratifier d'une petite sieste le matin après son biberon, je prépare les affaires pour la matinée des mecs dans mon coin pour être prêt à décoller sitôt le Loul's réveillé. Samedi matin, Robin a décidé de ne pas faire de sieste, ce qui pourrait certes être sans conséquences si sa forme était optimale, alors que le bonhomme était de toute évidence mort de fatigue. Il a lutté pendant deux heures pour en pas fermer l'œil, en s'aidant notamment de vocalises impropres à l'endormissement et de gesticulations ne facilitant pas l'accès aux bras de Morphée.

Quand finalement, à force de s'épuiser plus encore à éviter à tout prix de s'endormir, Robin a fini par capituler et fermer les yeux, ma tension artérielle avait atteint un nombre à trois chiffres. Il était un peu tard pour espérer partir pour la matinée des mecs et, accessoirement, il aurait été imprudent pour moi de prendre le volant dans l'état dans lequel le petit m'avait laissé.

Un petit bain pour se calmer :

Enfin, pour le calmer, parce qu'une fois réveillé, non content d'avoir copieusement bousillé la matinée des mecs, Robin s'est mis en tête d'utiliser ses ressources fraîchement recouvrées afin de pousser le bouchon encore plus loin. Cette fois, il fallait intervenir rapidement et pour que la mini-terreur se défoule, elle a été jetée de toute urgence dans un bon bain tiède.

Accessoirement, en procédant ainsi je prenais les devants pour rattraper le coup : à la base, je devais trouver un cadeau pour le cousin de Robin au cours de la matinée des mecs et Robin devait prendre son bain l'après midi pour que nous partions tranquillement chez sa marraine et son oncle sans stress le soir. En l'absence de matinée des mecs, il allait falloir repenser l'organisation jusque là sans faille de notre samedi.

Les préparatifs :

Le bain a heureusement été d'une grande efficacité et le bonhomme m'a offert un court laps de temps qui m'a permis de récupérer un peu, le temps que sa mère prenne le relais à distance en s'offrant une impro dans le timing du retour à la maison (genre la bonne heure et demi dans les dents), évidemment sans prendre la peine de prévenir sinon ça compte pas, histoire de compliquer davantage le rattrapage désespéré dans lequel je me lançais pour que nous partions comme prévu en temps et en heure en possession de ce que nous avions prévu d'apporter.

Finalement, grâce au dévouement sans compter du vrai héros de cette épopée (oui, moi), nous prîmes la route pour aller chez le frangin de Coralie (donc l'oncle de Robin) dont l'épouse est la marraine de notre mecton et la maman de Jules (qui est donc le cousin de Robin) dont Coralie est la marraine. Oh, ne vous plaignez pas, je pourrais compliquer les choses très facilement : étant l'époux de Coralie je suis l'oncle par alliance du fils de mon beau-frère, qui est le filleul de la belle sœur de la marraine de Robin. Ah, on fait moins les malins là ...

La soirée :

Enfin un moment de répit. Avant de tomber de sommeil, Robin a pu profiter un tout petit peu de sa marraine Magali, de son oncle Bruno (je précise oncle pour le distinguer des innombrables tontons affectifs de Robin) et de son cousin Jules qui pour la première fois lui a fait un bisou.

Ce geste peut paraître anodin mais Jules, qui va bientôt avoir trois ans, a tout d'abord assez mal vécu l'arrivée de Robin puisqu'il n'était à ce moment plus tout à fait au centre de toutes les attentions et qu'il redoutait peut-être un peu la concurrence ... en gros, il ne voulait pas lui faire de câlin. Depuis quelques temps, il en parle beaucoup et a l'air plutôt content d'avoir un cousin de plus.

Pour ma part, j'ai été quand même assez angoissé pendant une partie de la soirée : je ne suis pas à l'aise avec le fait que de petits enfants approchent mon bonhomme en raison de leurs gestes souvent maladroits et de leur conscience somme toute limitée des conséquences de leurs actes. Je sais, je suis un vrai psychopathe de ce point de vue et même en prenant sur moi, je ne peux m'empêcher de trouver pas si invraisemblable que ça qu'un gamin de deux ans glisse à Robin un minuscule objet dans l'idée innocente de jouer avec lui sans se rendre compte que cet objet peut obstruer sa trachée et lui être fatal. La conséquence potentielle étant trop grave pour que je puisse être rassuré par la faible probabilité d'occurrence de l'événement et j'ai passé le début de la soirée devant le lit-parapluie de Robin à surveiller anxieusement tous les mouvements des trois enfants présents. Ce n'est qu'une fois le petit endormi dans une pièce à part que je suis passé à DEFCON 2, non sans choisir une place à table qui me garantissait une vue imprenable sur la porte de la pièce dans laquelle Robin dormait.

Robin, lui, ne s'est pas angoissé du tout et a passé une bonne (courte) soirée à passer de bras en bras, à prendre des bisous ça et là et à prendre les invités à la descente de biberon : une seule démonstration de sa part d'un cul sec sur un godet de 240 ml a suffi a décourager les plus hardis qui ont préféré profiter du spectacle plutôt que de se ridiculiser en public.

Quand le moment est venu de rentrer, notre bonhomme était tout endormi et n'avait visiblement qu'une envie : regagner son lit.

Le "repos" dominical :

Le lendemain, fidèle à son habitude, Robin s'est manifesté vers 5h20. Mon organisme a protesté de façon très efficace et a envoyé des phéromones explicites à Coralie : sans même que je n'aie à ouvrir la bouche ni à émettre de grognement de désapprobation, elle se levait, courageuse et altruiste, pour remettre le bouchon dans le bec du matinal trouble-fête. Lorsque dix minutes plus tard, il se manifestait encore, elle a alors tenté un coup de génie et a réussi à l'endormir en psalmodiant quelques formules druidiques ("Petit escargot porte sur son dos sa maisonnette. Aussitôt qu'il pleut il est tout heureux : il sort sa tête") et ce pour une durée conséquente de plus d'une heure!

Vers 6h50, soit une heure rigoureusement improbable pour un dimanche matin avec Robin, dans le sens positif du terme, Sainte Coralie s'est même dévouée sans que je ne la supplie en mettant dans la balance le ménage des huit prochaines semaines et s'est occupée seule du braillard pendant que je me retournais en soupirant d'aise et en me promettant de ne plus jamais me lever.

Finalement, je me suis levé vers neuf heures (les mots "neuf heures" sont à prononcer comme "du Bœuf!" dans Soleil Vert) et je me suis rendu compte que ma grasse matinée avait pour contrepartie de devoir assumer à mon tour le terrible loul's et son humeur décidément pas meilleure depuis la veille. Toute la matinée, alors que l'héroïque Coralie trimait dans la batcave, je me suis fadé mon adorable fiston qui répétait avec une fréquence d'une régularité inquiétante un petit gémissement court et entêtant. Au bout d'une demi heure, j'aurais avoué l'assassinat de Kennedy si on me l'avait demandé.

Finalement, en nous relayant, Coralie et moi avons réussi à finir la journée sans mettre Robin en vente sur ebay et même en passant quelques bons moments avec lui, ce qui nous semblait presque impossible compte tenu des heures qu'il venait de nous infliger. Les dernières heures de l'après-midi ont même été plus qu'agréables puisque qu'il a été possible de s'allonger pour se reposer, avec évidemment la petite mouche à merde qui commençait enfin à redevenir le gentil fiston qui nous avait manqué.

Par contre, ce petit malin a embrayé et nous a expliqué qu'il adorait avoir de la place pour dormir. On a finalement changé de chambre sous la menace de nouvelles journées comme celle qu'il venait de nous asséner et on essaye maintenant de trouver une façon de dormir à deux dans son lit 60 x 120 alors que le nabab nous nargue sur notre grand paddock. Je pense que demain, Coralie et moi allons le réveiller vers 5h20 pour essayer de récupérer notre chambre.