Allez, c'est parti...

Vous conviendrez qu’il est très délicat d’écrire ces toutes premières lignes. Tout se joue à cet instant. De ces quelques mots pas forcément représentatifs de ce qui va suivre vont dépendre l’envie ou non de poursuivre, l’idée qu’on va se faire ce cet énième espace pseudo littéraire de la toile voire même l’étiquette apposée au revers de la veste de celui qui les a commis.

D’un naturel pourtant peu téméraire, je me surprends à oser franchir le précipice qui sépare la confortable situation de lecteur planqué derrière son écran à celle de valeureux jeteur de mots en pâture au plus critique des lecteurs : celui qui n’a pas l’once d’un picotement en te jetant aux oubliettes puisqu’il n’a pas eu à dépenser le moindre centime pour accéder à ta prose, celui qui n’a qu’un doigt à bouger pour passer à l’équilibriste suivant.

Et de l’équilibre il en faut pour s’aventurer sur ce fil tendu entre ces deux falaises … mais bon, j’avoue, ce funambulisme me fascine depuis longtemps et j’attendais que l’occasion de présente à moi pour poser le pied sur le câble et traverser crânement l’abîme.

Depuis longtemps, j’écris sans sujet, ni but ni même intention de partager ce que j’écris. Parfois, les circonstances ont fait qu’un petit texte s’est vu tomber entre des mains qui ne sont pas celles qui l’on vu naître, qu’un poème s’est entendu prononcé à haute voix devant témoin mais la règle a rarement été transgressée et mes productions sont restées l’équivalent d’un journal intime qu’on ne tient pas à jour et qui n’aborde que rarement le sujet de l’ego de celui qui le rédige.

Souvent, j’ai eu envie d’écrire de façon plus structurée, de rédiger un roman ou plus vraisemblablement une nouvelle, mais jamais je n’ai su me tenir à la rigueur qu’un tel exercice nécessite et jamais un thème n’a su m’inspirer davantage que quelques pages. C’est un fait, je suis un scribouilleur, pas un conteur. J’écris pour ne rien dire ou pas grand-chose, je ne parle à personne, ce qui fait que dans l’absolu, tout un chacun peut y trouver son compte.

Paradoxalement, bien que n’écrivant pas dans le but d’être lu à proprement parler, je reconnais que l’aboutissement d’un texte, fût-il écrit égoïstement pour expulser quelque émotion inconfortable, est de trouver un lecteur. Jusqu’à présent, j’étais ce lecteur et la possibilité s’offre désormais à moi de trouver un œil anonyme et inconnu pour prendre le relais.

Lecteur, je ne te promets pas d’écrire régulièrement. J’écris quand bon me chante, quand le moment est venu, quand le texte a choisi de sortir et nullement quand j’ai décidé de le poser sur écran.

Ces quelques lignes rédigées à la va-vite depuis mon poste de travail, leur auteur profitant d’une trop rare accalmie en ces lieux, semblent donc concrétiser le fait que je viens de poser le pied de l’autre côté du ravin, que je laisse le fil derrière moi et que je m’aventure désormais en territoire inconnu …

L’aventure ne fait que commencer...