La grande boucle

Lorsque les premières apparitions du Soleil ont eu lieu en mars, le papa toujours en quête d'activité avec son fiston que je suis a réussi à convaincre Coralie que nous n'allions pas nous faire de cadeau pour notre anniversaire de mariage mais qu'on allait plutôt s'offrir des vélos pour aller en promenade avec Robin. Compte tenu de notre budget, on a opté pour deux B'Twin de chez Décathlon qui sont sympa et permettent d'aller aussi dans les petits chemins sans pour autant coûter un oeil. Dans la foulée, évidemment, le siège pour le mecton.

Nous nous sommes aperçus en rentrant que nous n'avions pas de casque pour Robin et je suis donc retourné un soir en chercher un. C'est alors que le Soleil a décidé que maintenant qu'on était équipés, il était hors de question de faire la promenade que je me dessinais en rêve depuis des semaines.

Et puis un jour, il y avait tout : le soleil, le mecton réveillé et nourri, la totale ... j'ai donc voulu régler son casque. Ce casque, le premier, celui qu'il n'a jamais pu porter car il a fini piétiné par son père, est un joyau de technologie. Je suis sûr que des tas d'ingénieurs ont pensé à tout en le concevant, se sont appuyés sur des moules de crânes d'enfants élaborés selon des mesures qui reposent sur des bases mises à jour régulièrement et pondérées par les coefficients régionaux, ont calculé la résistance des matériaux et déterminé à quel endroit devaient figurer les points de réglage et de quelle façon les manipuler ... des génies de labo, j'en suis certain.

Sans doute ont-ils juste négligé un paramètre : un gamin de un an, c'est en principe vivant, ça bouge et ça n'aime pas qu'on lui mette un truc sur la tête. Alors pour ce qui est de poser le casque, de régler avec leur vilain cordon l'oreille droite, puis la gauche, puis le tour de crâne sans que le mec n'ait tremblé ne serait-ce que d'un mm ... au bout d'une demi-heure de souffrance infligée à Robin, j'ai fini par régler le casque à ma façon, en le projetant au sol et en l'éclatant d'un rageur coup de talon, pas élégant mais hyper libérateur. Pas de panique, depuis il a un casque de marque plus cher mais qui tient compte des particularités des bambins et a été réglé en deux temps trois mouvements.

Hier c'était le grand jour : on a fait notre première sortie Robin et moi. Le mec n'a même pas trop râlé lors de l'installation et a apprécié dès les premiers coups de pédale.

Grisé par le bonheur de ce moment avec son fiston, papa en a fait des caisses. La promenade a débuté par un petit tour sur un chemin de campagne tout cool et comme Robin réagissait bien, j'ai poursuivi. Le hic, c'est qu'au bout d'un moment, il était impossible de revenir sur nos pas (montée de malade sur gravier en précisant bien qu'entre le vélo, l'équipement et Robin, je ne pilotais pas une fusée en carbone de 9kg mais bien un tank de 25kg...). on a alors continué jusqu'au bled suivant en décidant de rentrer par la route. Second hic : pas moyen de le faire directement dans la mesure où l'accès aux voies rapides nous est interdit.

En gros, on a fait une boucle de barge pour regagner nos pénates, une dizaine de bornes de rab par rapport à la ligne droite, avec montées, faux-plats et autres réjouissances, sur un vélo sympa mais pas non plus fait pour ça, et un mec de pas loin de dix kg dans le dos. Ajoutons à ça une petite contrainte de temps : le Soleil commençait à pas mal cogner et comme la promenade devait initialement être courte, j'avais fait l'énorme boulette de partir sans gourde. Inutile de dire que j'avais à coeur de ne pas traîner en chemin. Heureusement, Robin a été super cool et m'a encouragé quand je peinais en me tapant sur les fesses en glapissant de joyeux "Papa!". Avec ça, on a beau en chier, on trouve les ressources nécessaires.

Arrivé sur les rotules en ne faisant qu'une bouchée du dernier interminable faux-plat, j'ai pu constater que le mecton se portait comme un charme et en redemandait encore ... on en reparlera quand il se mettra à pédaler lui-même!